Alors loin de moi l’idée de vous apprendre à ferrer un poisson, ce n’est pas le but .
Si le geste ultime pour le pêcheur est de relâcher sa truite, cela ne peut se faire sans l’avoir prise donc ferrée pour l’extraire de son milieu naturel afin de lui rendre sa liberté. Combien de poissons loupés ou traumatisés par un mauvais ferrage ?
Pour le néophyte ou le commun des pêcheurs, l’action consiste à lever la canne pour espérer enfoncer dans la bouche du poisson l’hameçon entravant sa liberté.
J’ai bien dit « espérer » car le ferrage est plus technique qu’il en a l’air.
Déjà il ne sera pas réalisé de la même manière que l’on pêche dans ses pieds, à mi-distance ou au loin. Plus l’action sera éloignée plus le mouvement devra être ample pour compenser l’élasticité du nylon afin de piquer correctement le poisson. Il faut aussi admettre qu’à égale distance ce geste sera différent d’une canne à l’autre, leur action de pêche n’étant pas nécessairement les mêmes.
Qui dit ferrage dit hameçon. Ceux-ci doivent être irréprochables tant au niveau qualité, qu’au niveau affûtage.
Mais avant de piquer un poisson, encore faut-il avoir détecté la touche ?
Et encore une fois, que je pêche vers l’amont ou vers l’aval cette détection sera différente. Il faudra être vigilent au moindre ralentissement de la ligne ou de l’indicateur de touche, le moindre écart dans la veine d’eau, la plus petite « lourdeur » dans la ligne, percevoir l’arrêt « intempestif ». Être en l’alerte du fameux Toc. En fait il faudra être tout à sa pêche.
Et que dire des appâts qui eux aussi vont influencer le geste ou de la direction de fuite du poisson qui va nous obliger à ferrer dans le sens inverse.
Et comme le disait Mon Grand-Père:
» il n’y a pas de mauvais ver de terre … il y a des bons et des mauvais ferrages «
Le ferrage tardif:
Toujours mauvais, il est souvent dû au manque de concentration du pêcheur ou à la voracité du poisson.
Outre le fait que cela peut laisser le temps à la truite de recracher l’appât, ce qui n’est pas bien grave mais frustrant, l’effet inverse est plus dévastateur pour le poisson. « Engamage » de l’appât donc ferrage du poisson quand celui-ci à l’hameçon au fond de la gorge. Je vous laisse deviner le devenir de la Belle si le pêcheur s’obstine à vouloir récupérer son « spécial ver, renversé, nickelé, fin de fer double turbo ». Si cela devait vous arriver, couper simplement le fil au raz de la gueule du poisson, il devrait s’en sortir un peu mieux si il ne saigne pas.
Le ferrage trop mou:
Toujours mauvais. Est-il nécessaire de rappeler que ferrer consiste à enfoncer la pointe de l’hameçon dans la gueule du poisson. Un ferrage trop mou risquerait, au mieux, de mal piquer l’hameçon ce qui peut permettre à la truite de se décrocher, au pire, ne pas se piquer du tout.
Le ferrage trop rapide:
Toujours mauvais. Pêcher … c’est prendre du poisson. Pour en prendre il faut lui proposer un truc à manger ou qui l’agresse. Si vous lui retirez « le pain de la bouche » avant qu’il y ait goûté ou si vous l’empêchez de châtier l’intrus vous ne risquez pas de le leurrer.
Le ferrage trop brusque:
Toujours mauvais. Outre la casse qu’un des éléments constituant votre ligne, le but n’est pas d’arracher la gueule du poisson ou de l’envoyer voler dans les arbres. Si vous en êtes là, il serait peut-être bon de vérifier le piquant de votre hameçon. soit de le changer si il ne vous convient pas soit de l’affûter.
Le bon ferrage est celui qui va retenir la belle sur le bord des lèvres, ni trop tôt ni trop tard. Celui qui sera réalisé avec douceur mais fermeté. Celui qui va faciliter le retrait de l’hameçon, celui qui sera le moins traumatisant car réalisé dans le cartilage de la mâchoire, celui qui va nous permettre de relâcher notre rêve dans les meilleures conditions.
Pour moi un bon pêcheur n’est pas celui qui prend le plus de poisson … le bon pêcheur est celui qui est dans et avec sa pêche, concentré, qui ferre au bon moment, aux bords des lèvres, quelque soit le nombre de prise et la taille de la truite.
Toujours de mon Grand-Père:
« Montre moi comment tu ferres … je te dirais si tu es un pêcheur, avec un grand P »
Voilà j’en ai fini de mes réflexions et comme j’arrive en bout de ligne, comme en fin de dérive, je fais juste un
…../…..
léger petit coup de poignet, dans le sens inverse de la dérive …. on ne sait jamais.
Halieutiquement
« Montre moi comment tu ferres … je te dirais si tu es un pêcheur, avec un grand P »
J’adore cette expression 😉
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Moi aussi et me rappelle de bons souvenirs 😉
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